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VIVA LA MUSICA Nº 299 |
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Nicolas Lambert
novembre 2008
Some weird pop is oozing, «il suinte un pop étrange», comme l’annonce ce morceau où le bourdonnement continu du sax de Carlo Actis Dato n’est pas bavardage mais urgence: un flot saturé d’harmoniques étranglées, un rugissement rocailleux qui finalement fait toile, tant et si bien que notre oreille est kidnappée par la rythmique, en l’occurrence le motif afro-pop de la contrebasse (Fiorenzo Bodrato) attelé à une batterie des plus binaires (Nicola Stranieri).
Les compositions du contrebassiste italien sont en effet un mariage vibrant entre la simplicité du divertissement, la truculence de l’improvisation et des mesures savamment boiteuses. La rythmique reste impassible mais non sourde à des facéties qui dans une même pièce peuvent aller d’une diphonie voix-sax en respiration continue à de petits pets funky. D’une couleur à l’autre, les transitions sont en épingle à cheveux, comme dans le puzzle de grooves de Cimici ou dans Hangover (ou les différents aspects de la gueule de bois): monologue aux accents originels de la contrebasse, ballade lancinante, et beat qui inciterait presque à la déclamation rap en alternance avec un jazz d’un démago ensoleillé.
Bodrato est captivant à moindres frais, généreux dans les riches approches de son instrument et non dans le quantitatif d’une démonstration. Le baryton, le ténor ou la clarinette basse campent finalement le trio dans une tessiture pleine de bonhomie, le joyeux son d’un bric-à-brac où les cris ne sont jamais méchants. Se dégagent alors parfois de ces espaces, à la bonne franquette, une ambiance de campement de cowboy, un hymne de cirque italien en hommage à Albert Ayler, une chanson à boire, une comptine pour enfant. L’humour non plus n’est jamais loin et la légèreté des thèmes laisse souvent le soupçon d’un deuxième degré parodique.
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